CNE Accord interprofessionnel 2017 Mode D'emploi page 5

Table des Matières

Publicité

Avec ou sans sucre ?
30 janvier 2017 : le Conseil Général de la CSC (environ 300 personnes)
approuve à près de 80% le projet d'AIP. La FGTB fait de même. Qui a
écrit ce projet ? Ceux qu'on appelle le « Groupe des 10 » : en gros, la
FEB (qui représente les grandes entreprises) et les classes moyennes d'un
côté de la table, les syndicats de l'autre côté. Que trouve-t-on dans ce
texte ? On vous l'a décrit dans le Droit de l'Employé de ce mois de mars,
et on vous le rappelle dans les grandes lignes en page 8, mais chacun se
souvient qu'au cœur du projet, on trouve un chiffre : 1,1%.
Que signifie ce chiffre ? C'est le plafond des augmentations salariales
pour les deux prochaines années. Si dans votre entreprise les salaires
coûtaient 100 le 1er janvier 2017, ils peuvent augmenter jusqu'à coûter
101,1 au 31 décembre 2018, mais pas plus. Cette augmentation négociée
par CCT (Convention Collective de Travail) s'ajoute, bien entendu,
à l'inflation et à l'évolution naturelle des barèmes à l'ancienneté.
Attention, c'est un plafond, et pas une augmentation automatique.
La balle est désormais dans le camp des secteurs. Commerce, chimie,
assurances, services, maisons de repos, etc. dans chaque secteur (et
dans le vôtre) patrons et syndicats vont se mettre à table pour évoquer
de multiples sujets (voir les pages 11 à 15) et notamment cette question
des salaires.
La base des négociations – l'AIP – est donc posée. On peut la voir
positivement : depuis des années, les salaires étaient bloqués, et une
petite augmentation, c'est mieux que rien. Pour se représenter
ce que signifie « 1,1% », imaginons un salaire net de 1800€ par mois ;
sur les deux années 2017-18, il pourrait augmenter d'environ 20€ (plus
précisément : 19,80€ en plus de l'inflation)... Pas de quoi faire la fête :
mais qui cracherait sur 20€ de mieux tous les mois ?
On peut aussi voir les choses plus négativement : un plafond à 1,1%, ça
signifie que si dans mon secteur il y a très peu de moyens, ou que les
négociations se passent mal, ça pourrait bien être zéro. Et que même
là où les entreprises font des profits enviables, il nous est interdit (la
Belgique est le seul pays d'Europe à connaître une telle loi !) de négocier
une part plus honorable de ce gâteau. Autrement dit : la loi nous oblige à
laisser filer cet excès d'argent vers les actionnaires... qui sont en effet en
grand besoin de cash... pour le planquer au Panama, ou pour s'acheter les
mêmes costumes que François Fillon...
Pour rappel, nous avions juste avant Noël largement communiqué notre
calcul « 3x3 » : avec le blocage salarial depuis des années, le saut
d'index, le tax shi(f)t et les autres cadeaux offerts (avec notre argent !)
aux entreprises, il y a dans les caisses de quoi augmenter les salaires de
3%, créer 3% d'emplois en plus, et ajouter 3% aux mesures de réduction
du temps de travail et de bien-être. Cette campagne de communication
a sans doute pesé un peu pour que le chiffre soit 1,1, et pas le zéro-
virgule-rien que les patrons voulaient. Mais évidemment pas assez !
Ce 1,1 rime avec « mieux que rien », mais, par rapport à une
augmentation de 2,5 ou 3%, c'est plus de 2 milliards d'euros par an
5

Publicité

Table des Matières
loading

Ce manuel est également adapté pour:

Accord interprofessionnel 2018

Table des Matières